Les écrits dans la ville : les noms de rue

Toute sortie pédagogique faite en ville avec un groupe de stagiaires allophones ou illettrés suppose la rencontre d’un grand nombre « d’écritures exposées » telles que les enseignes de commerces, les affiches, les graffiti, les panneaux publicitaires, les panneaux indicateurs, ou encore ici les plaques de noms de rues ou de places. Dans ce dernier cas, il s’agit de noms propres que les stagiaires ont du mal à identifier et mémoriser car ils leur sont inconnus. C’est pourquoi il importe de travailler avec eux sur le sens de ces noms qui sont toujours à la croisée de questions de repérage dans l’espace et d’histoire locale ou nationale.

Le nom des rues, jusqu’au Moyen-Âge, était le plus souvent d’ordre « indiciaire », c’est-à-dire lié à un référent local, tel que la « rue de la Fontaine » ou « rue de la Côte ». Cependant, en 1600, Sully, le célèbre ministre d’Henri IV, eut l’idée d’institutionnaliser cette nomenclature en inscrivant le nom des grands du Royaume sur les rues de Paris. Dès lors, et tout au long des siècles suivants, bien des lieux seront ainsi rebaptisés sur tout le territoire français contribuant ainsi à affirmer la puissance de l’État sur le local.

Si chaque ville comporte ces particularités en termes de nomenclature, il y a des noms que l’on retrouve dans la plupart des communes de France utilisent pour dénommer les éléments de voirie dont elles ont l’administration, à savoir, par ordre de fréquence :

Victor-Hugo,

... Gambetta, Jean-Jaurès, Pasteur, Général Leclerc, Clémenceau...

... Maréchal Foch, Général-de-Gaulle, Carnot, Jeanne d’Arc...

... ou encore Résistance

soit autant de personnages ou de moments de l’histoire française qui peuvent être abordés et étudiés avec les stagiaires, à l’aide d’Internet et d’un vidéo-projecteur et ouvrir à des discussions multiples.

Pour en savoir plus sur les noms de rue et leur histoire, voir : Daniel Milo, « Le nom des rues » in Nora Pierre [Dir], Les lieux de mémoires, la Nation, II, 3, Gallimard, 1986